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La tête dans nos tournages : la production cinématographique et numérique de l’Estrie

Alexo et Bisha - Image tirée du documentaire de la Fabrique culturelle
Alexo et Bisha

Note : le présent article met en valeur une partie de nos membres en règle. Vous pensez que vous ou votre organisme devriez en faire partie ? Vous avez une bonification ou une correction à proposer ? Consultez la fin de cet article pour plus de détails.

Si la région de l’Estrie a contribué au cinéma de bien des manières depuis l’avènement du 7e art, que ce soit par les origines danvilloises du grand Mack Sennett (qui a donné sa chance à Charlie Chaplin), par le tournage du classique du documentaire ONFien « Les racquetteurs » à Sherbrooke dans les années 60 ou encore pour avoir accueilli différentes productions québécoises et internationales, dont Léa Pool sur le campus de l’Université Bishop’s pour « Rebelles », le développement d’une industrie pérenne et structurée ne fait que commencer en région.

Si la contribution d’organismes comme La Course des régions pancanadienne depuis près de 20 ans et l’installation récente à Saint-Adrien du Bureau estrien de l’audiovisuel et du multimédia (BEAM; lauréat 2021 du prix Développement culturel) ne sont pas étrangères à la hausse récente des productions estriennes, c’est aussi grâce au dynamisme de productrices, de producteurs et de cinéastes qui ont choisi d’élire domicile dans notre belle région.

Par cet article, je vous propose de jeter un regard sur une partie des productions récentes ou en cours de développement dans la lentille de nos cinéastes et de nos créatrices et créateurs du numérique :

Des films d’art, des films sur l’art, des films musicaux et des documentaires

« Le bien-être » réalisé par Jean-Sébastien Dutil, scénarisé par Jean-François Vachon et produit par Sylvie Krasker pour Radio-Canada

C’est lors d’une activité de maillage organisée par le Conseil de la culture de l’Estrie et financée par la SODEC en mars 2020, quelques jours avant le confinement décrété par le gouvernement du Québec, que les cinéastes Jean-Sébastien Dutil et Jean-François Vachon ont rencontré la productrice Sylvie Krasker, jetant les bases d’une collaboration qui a mené, deux ans plus tard, à la diffusion du documentaire « Le bien-être », en primeur sur les ondes de ICI Radio-Canada Estrie le 26 mars dernier.

Le film nous plonge dans le quotidien de quatre prestataires de l’aide sociale qui se battent jour après jour pour se sortir de la pauvreté. Selon les cinéastes : « L’objectif du documentaire, dit Jean-Sébastien Dutil, est de montrer qui sont réellement les prestataires de l’aide sociale qui, très souvent, sont victimes de préjugés. Ce sont loin d’être des individus passifs qui s’apitoient sur leur sort. Au contraire, ce sont des personnes résilientes et débrouillardes qui passent la majorité de leurs semaines à essayer de joindre les deux bouts avec, dans plusieurs cas, environ 700 $ par mois. La plupart se battent aussi pour trouver un travail, assurer un meilleur avenir à leurs enfants ou simplement avoir un minimum de qualité de vie ». Jean-François Vachon renchérit : « Les gens sur l’aide sociale sont des personnes comme tout le monde. Ils ont une histoire, des talents, des valeurs et des ambitions. C’est cela qu’on veut montrer : l’individu derrière le chèque d’aide sociale ».

Les œuvres de Louise Abbott en festival, à la télévision et en ligne

Louise Abbott, cinéaste de la MRC Memphrémagog, a vu son film CRUX : The Transformation of AnneBruce Falconer, sélectionné dans la programmation officielle au FIFA (Festival international du film sur l’art), qui a débuté à la mi-mars à Montréal. Le film a été présenté le 20 avril dernier dans le cadre d’une série de films en ligne Women in Art organisée par l’artiste Joanna Nash d’Arundel.

Trois autres documentaires de Louise Abbott ont été diffusés par WNED PBS (Buffalo-Toronto) en février dernier. L’un d’eux– The Sugarmakers, qui met en vedette la famille Holmes de Way’s Mills (officiellement Ayer’s Cliff) – a été présenté en ligne le 31 mars dans le cadre de la série Lunchtime de la bibliothèque Atwater de Montréal.

À la croisée de la danse et de la musique avec Miguel Raymond

Un autre cinéaste de la MRC Memphrémagog, Miguel Raymond, a terminé en décembre 2021 « Prélude à la Lune », un court métrage expérimental onirique. Construit d’une succession de séquences représentant divers états incarnés par la nature à travers lesquels évolue la danseuse, jusqu’au tableau final de la rencontre de la ballerine avec la Lune. Le cinéaste note avoir « [..] fait ce petit film pour nous rappeler que l’art est puissant, il peut changer beaucoup de choses, soulager beaucoup de maux. »

« Prélude à la Lune » a été sélectionné en compétition officielle dans de nombreux festivals internationaux, dont San Francisco, Los Angeles, Austin, Philadelphie, Stockholm, et a remporté une mention spéciale du Jury au Art Film Awards de Macédoine, Reims et le premier prix au New York Independent Cinema Awards.

Miguel Raymond travaille aussi sur différents projets, dont « Cycle of Life », séries de films expérimentaux en danse, dont le premier volet s’intitule « Sakura » et « Siempre la Musica », un documentaire musical sur la culture musicale de Santiago de Cuba.

De l’hybride pour Stéphanie Morissette

L’artiste du numérique Stéphanie Morissette termine actuellement un projet de vidéo hybride entre le documentaire et l’expérimental sur l’ancien Lac Noir de Black Lake, à Thetford Mines.

Un vidéoclip et un film musical pour Chasseurs Films

Chasseurs Films, la maison de production de Laurent Allaire à laquelle contribue également Véronique Vigneault, est en pré-production de deux longs métrages qui seront tournés en Estrie en mai et juin. « Des hommes, la nuit » d’Anh Minh Truong, qui traite du vertige ressenti à l’aube d’une nouvelle étape de vie, est un projet porteur pour l’Estrie. Quant au film « Allen Sunshine » de Harley Chamandy, il s’agit d’une collaboration avec Chamandy Entertainment qui sera tournée entièrement à Magog. Chasseurs Films est aussi en tournage en avril et mai d’un court métrage de Junna Chif, intitulé « L’Assistante Spéciale ». Enfin, Chasseurs Films a produit également ce printemps quelques vidéoclips pour Jipé Dalpé, La Bronze, Salomé Leclerc et Louis-Jean Cormier.

Barbara Desrochers et la vidéodanse

Spécialisée en danse, Barbara Desrochers a réalisé le court métrage de vidéodanse « La maladie de l’oubli : L’Alzheimer » (lien Facebook) qui a été sélectionné pour la portion pré-festival du Festival de cinéma de Knowlton, le mercredi 24 août (heure à confirmer).

Projets passés et à venir

De nouveaux projets pour Marquise Lepage

La présidente de la commission Arts médiatiques, cinéma et vidéo du Conseil de la culture de l’Estrie, Marquise Lepage, débute ces jours-ci l’écriture d’un documentaire et le développement d’un film de fiction, à travers sa compagne Les Productions du Cerf-Volant. Sa plus récente production, « Apapacho – Une caresse pour l’âme » avec les actrices Laurence Leboeuf et Fanny Mallette, est disponible sur Crave, sur Viméo et au Clap.

Marquise est aussi productrice associée sur le long métrage “ Undocumented” tourné en février près de Bromont. Le film parle de la condition de vie des travailleurs étrangers. Les deux cinéastes de la région, Christian de la Cortina et Vanessa Caceres, en sont maintenant à l’étape du montage et de la post production de leur film. La sortie du film est prévue en début de 2023.

Enfin, l’organisme Réalisatrices Équitables, que Marquise Lepage a cofondé en 2007, est en nomination pour un prix du conseil des arts de Montréal.

Emmanuelle Roberge et l’identité de genre

L’artiste visuelle et documentariste Emmanuelle Roberge propose depuis peu une démo de 30 secondes de son travail de réalisatrice, en collaboration avec Nicholas Williams à la musique et Lenia Delgado au montage. Certains de ses films sont en accès libre sur son site. Elle travaille présentement au montage d’un documentaire sur l’identité de genre, pour lequel elle a reçu une bourse dans le cadre du programme de partenariat territorial estrien du CALQ, et dont le lancement est prévu à l’automne 2022. Entre temps, sa vidéodanse « (Wel) Coming In », réalisée à l’été 2021 aux Îles-de-la-Madeleine, est en tournée dans les festivals. L’œuvre, qui a remporté un prix du public au Cannes Short Film Festival et un prix pour la meilleure trame sonore au LGBTQ+ Los Angeles Film Festival, est portée par des participants s’identifiant à la communauté LGBTQ+ et transpose certaines réalités de l’expérience de l’affirmation de son orientation sexuelle (souvent appelée « sortie du placard » ou, en anglais, « coming out »).

La Slovénie vue par Noémie De Pas

Tout récemment, soit le 5 avril 2022, la réalisatrice Noémie De Pas recevait le Prix Pierre-Javaux Meilleur court métrage de l’Estrie, présenté par La Fabrique culturelle, à l’occasion de la Soirée estrienne de la 9e édition du Festival du cinéma du monde de Sherbrooke (FCMS). Parmi les cinq films en lice, « Rien ne se perd » est sorti favori : le dévoilement a permis aux participant(e)s à la Maison du cinéma de visionner le film primé de même que les quatre autres courts métrages en nomination. « Rien ne se perd », un essai documentaire sur le dynamisme de la vie, nous transporte à la fois en Slovénie et au cœur de soi.

On y fait la rencontre d’un jeune homme qui s’avère être à la fois un artiste et un agriculteur inspirant et proche de la nature de son coin de pays aux beautés saisissantes, de ses nombreux travaux manuels de ferme et de sa créativité lyrique et musicale.

À la Soirée estrienne 2022, avant que ne soit dévoilée la grande gagnante, les cinéphiles ont pu apprécier les quatre autres films retenus par le jury, soit : « Ils dansent avec leurs têtes » de Thomas Corriveau, un court métrage qui nous a ébloui par la grande maitrise du dessin et de la peinture; « Au bout de nos traces » d’Elise Legrand et Pierre-Luc Racine, une métaphore d’une terre arrivée au bout de ses traces; « Paracosme » de Coralie Tardif, présentant un personnage face à son passé; « Pour être moins seule » de Juliette Poitras, relation entre deux femmes, chacune sur son continent.

Le Restaurant d’Alexo et Bisha

Le duo clownesque Alexo et Bisha, composé d’Alexandre Tessier et Sarah Touchette, remportait le prix Excellence culture Estrie 2020 avec le projet cinématographique / numérique clownesque inspiré du cinéma muet. Le prix du Conseil de la culture de l’Estrie, en partenariat avec La Fabrique culturelle de Télé-Québec, comprenait, entre autres, un programme de mentorat : les artistes ont retenu Véronique Vigneault – Chasseurs films comme mentor, ce qui les a menés au projet pilote de court métrage « Le Restaurant ». Croqué sur le vif, le tournage fait l’objet d’une capsule diffusée depuis janvier 2022 sur La Fabrique culturelle.tv : Un hommage charmant à Charlie Chaplin – Le film muet féministe des clowns Alexo et Bisha.

Du nouveau du côté des services

Des costumes et des accessoires à La Chiffonnière

Un nouveau service est offert aux individus et aux organismes culturels qui oeuvrent dans les milieux artistiques et culturels, incluant le cinéma : La Chiffonnière. Offrant des costumes et des accessoires en location, l’organisme propose aussi la location d’un atelier de couture, ainsi que la conception et la réalisation de costumes, d’accessoires et de décors. Un service de consultation est disponible ainsi que la location de matériel de tournage (structure de rangement de vêtements, miroir, paravent, défroisseur de tissus et vêtements, etc.).

Du maillage et du réseautage

Le Conseil de la culture de l’Estrie et le Festival cinéma du monde de Sherbrooke se sont associés à deux reprises, soit le 14 décembre 2021 et le 8 avril 2022, afin de créer des activités de rencontre entre les cinéastes d’ici et d’ailleurs.

Soutenue financièrement par la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), l’activité de maillage du 14 décembre 2021 à La Maison du cinéma a permis à 15 cinéastes de rencontrer 5 productrices et producteurs de cinéma afin de présenter des propositions de projets.

S’inscrivant dans le cadre de l’édition régulière du festival, la journée FCMS Pro du 8 avril 2022 s’est ouverte sur une table ronde organisée par le Bureau estrien de l’audiovisuel et du multimédia (BEAM) sur le thème de la main-d’œuvre, avant de se transformer en activité de réseautage animée par le Conseil de la culture de l’Estrie en début d’après-midi. Plus d’une trentaine de cinéastes y ont participé.

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Crédits photos

Les photographies et les œuvres appartiennent à leurs propriétaires respectifs :

  • Jean-Sébastien Dutil et Jean-François Vachon en compagnie de l’une des personnes présentées dans le documentaire Le bien-être, crédit photo : David Elias
  • Anne Bruce Falconer dans CRUX, Louise Abbott, crédit photo : Louise Abbott
  • Sugarhouse and round barn at Holmurst, Louise Abbott, crédit photo : Niels Jensen
  • Prélude à la lune, Miguel Raymond, crédit photo : Miguel Raymond
  • Sakura, Miguel Raymond, crédit photo : Miguel Raymond
  • Siempre la musica, Miguel Raymond, crédit photo : Miguel Raymond
  • Rien ne se perd, de Noémie de Pas, crédit photo : Marek Pasche
  • La Chiffonnière, service de costumes, crédit photo : Anton Miller
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